Le Terroir

Ah ! Le terroir ! Ses saveurs, ses senteurs évoquant l'union harmonieuse de l'homme et de la nature ! Certes ! Mais derrière ce mot simple se cache une réalité complexe.

La notion de terroir naît de la combinaison entre les données physiques particulières d'un territoire agricole et les hommes qui l'exploitent, qui en ont identifié les atouts, maîtrisé les principaux dangers, et qui ont su, au cours des siècles, adapter leurs savoirs et leurs techniques afin de produire un vin unique en son genre.

 

Ainsi, à Monbazillac, les sols sont variés mais souvent argileux et mal drainés. Alors la vigne dégringole les versants et ne s'encombre pas de murets de pierre car, ici, la terre ne glisse pas le long des pentes. 

Quant au climat, doux et humide, il est favorable à la viticulture. De plus, il est un proverbe qui dit : "Pour que le vin soit bon il faut que la vigne voit la rivière".

Eh bien, à Monbazillac, elle en voit même deux ! La Dordogne au nord, large et puissante, et la Gardonnette au sud, dont les brumes automnales enveloppent les collines et les vallons et de dissipent au soleil. 

 

Humidité et chaleur, le botrytis, responsable de la pourriture noble, en raffole ! 

Reste le mystère de l'alchimie du vin dont le terroir de Monbazillac conserve le secret ! 

Le paysage viticole

La région de Monbazillac, défrichée dès l'époque néolithique, offre un paysage entièrement façonné par la main de l'homme. Rien ne subsiste de l'antique forêt naturelle de chênes et les quelques îlots d'arbres apparaissant ici ou là appartiennent à des espèces cultivées. 


Entre les larges terrasses alluviales de la rive gauche de la Dordogne et les étroites vallées de la Gardonette et de la Conne, le vignoble de Monbazillac offre au nord, vers Bergerac, un paysage de côtes, c'est-à-dire de collines au front très redressé et pentu. 

C'est sur ce versant en gradins que la concentration en vignes est la plus forte ainsi que sur le plateau aux molles ondulations. 

Au sommet, le moulin de Malfourat culmine à 188 mètres d'altitude. Inutile de chercher ses ailes, il les a perdues ! 

Sur le versant sud, le revers de côte est moins abrupt et le vignoble moins dense car il boude les vallons trop humides. 

Au total, sur la surface cultivable des cinq communes de l’appellation monbazillac, la vigne occupe un pourcentage très supérieur à celui qu'elle occupe sur l'ensemble du vignoble bergeracois. 

Et pour mieux encore se différencier, et surtout pour améliorer le drainage des sols, les rangées de ceps sont alignées non pas selon les courbes de niveaux, mais en suivant les pentes, ce qui donne au vignoble de Monbazillac, contemplé de la plaine, l'aspect d'un somptueux rideau de rayures vertes puis dorées et pourpres à l'approche des vendanges.  

Sols et sous-sols

La nature des sols et des sous-sols est le principal facteur de la spécificité des vins de l'appellation Monbazillac.

En effet, dans cette région dont la formation remonte à l'époque tertiaire, les couches sédimentaires sont très variées

L'ossature des reliefs est constituée de bancs de calcaires dont les affleurements ont des formes accusées. 

Entre ces assises s'intercalent des molasses, c'est-à-dire des grès tendres mêlés d'argile et de quartz, qui donnent des terrains gras et humides, favorables à la production des vins blancs liquoreux. 

 

Une étonnante mosaïque géologique que l'on peut décliner ainsi du nord au sud : molasses dites du Fronsadais en bandes étroites sur le front de cote de Saint-Laurent-des-Vignes et molasses dites de Saint-Nexant à sa base ; calcaire friable autour de Monbazillac descendant vers la Gardonnette ; calcaire plus dur de Castillon autour de Pomport ; boulbènes de limons, de silex et de sables sur les pentes, et molasses encore, au sud et à l'ouest jusqu'à Pomport.

 

Mais la clef de ce terroir si complexe et qui lui donne son unité réside dans la forte teneur de la plupart de ses sols en argile colloïdale.

Celle-ci retient les eaux de pluies hivernales et les restitue à la surface en été, et la vapeur qui se forme en période de sécheresse atténue les brûlures du soleil.

Ainsi, à l'abri des changements brutaux de température, les baies se développent régulièrement, leur peau s'épaissit et leur concentration en glucose et saccharoses s'élève.  

Climat et microclimat

Ouverte sur l'Atlantique, l'Aquitaine est soumise à un régime climatique de type océanique, chaud et assez humide, marqué par des printemps frais aux ciels changeants, des étés souvent très chauds, des automnes longs et ensoleillés et des hivers tardifs traversés de quelques vagues de froid

Un climat globalement favorable à la viticulture mais dont les caprices brutaux ont parfois des conséquences catastrophiques. 

Les gelées de printemps, lors des "lunes rousses" ou à l'époque dite des "saints de glace" qui sévissent début mai, brûlent les jeunes pousses tandis que les pluies glaciales d'avril bloquent la floraison et provoquent la coulure des grappes. Ne subsistent que quelques grains que guettent les cryptogames. 

Les violents orages d'été, chargés de grêlons, peuvent hacher menu la récolte la plus prometteuse.

Et que dire de ces pluies d'automne qui dénaturent la pourriture noble en pourriture grise ! 

 

Mais le microclimat de Monbazillac permet de contrer ces aléas : l'altitude qui permet de jouir d'une température supérieure de plusieurs degrés à celle de la plaine ; l'exposition au nord qui atténue l'effet des orages arrivant de l'ouest et du sud et enfin l'influence bienfaisante de la rivière Dordogne dont les brouillards matinaux de l'automne enveloppent d'une atmosphère vaporeuse la maturation finale des grappes et favorisent le développement de la pourriture noble.